La Généalogie en Belgique

Salle de lecture de l'Office

Un grand principe doit guider tous les généalogistes : " Aller du connu vers l'inconnu ".

En d'autres mots, il faut toujours partir de soi-même, de ses grands-parents, de ses proches, et remonter progressivement la filiation dans le temps. Il est tout à fait illusoire de partir d'un ancêtre présumé et de vouloir à tout prix en descendre sous le prétexte qu'il porte le même nom.

Ce principe vaut aussi en héraldique. Si vous avez trouvé un blason à votre nom, vous n'êtes pas autorisé à le reprendre, à moins d'avoir prouvé, généalogiquement, que vous descendez en ligne directe du ou des personnages qui ont jadis porté ce blason. Mieux vaut, en attendant d'avoir établi ces preuves, vous créer un blason de toutes pièces, suivant les règles de l'héraldique, plutôt que d'usurper le blason d'une famille homonyme, éteinte ou non, qui n'a rien à voir avec la vôtre. Il sera toujours temps, par la suite, de revendiquer le blason ancien, une fois les preuves acquises.

Ceci dit, nous avons en Belgique la chance de vivre dans un petit pays bien organisé, du moins en ce qui concerne les archives utiles aux généalogistes amateurs. De plus en plus d'archives, et notamment les anciens registres paroissiaux ainsi que l'état civil de plus de cent ans d'âge, sont centralisées aux chefs-lieux des provinces aux Archives de l'État. La plupart du temps, il existe des tables alphabétiques, ce qui est rarement le cas en France ou aux Pays-Bas par exemple. Les chercheurs disposent de nombreux inventaires et guides de recherches, rédigés par des archivistes compétents.

Dans certains dépôts il est possible de consulter les microfilms des registres paroissiaux et de l'état civil du 19e siècle de plusieurs provinces. Le dépôt à Anderlecht conserve les microfilms des communes de Bruxelles, du Brabant wallon, Hainaut, Liège et Namur. Les microfilms de toutes les provinces flamandes sont consultables au dépôt de Beveren. Actuellement les Archives de l'État digitalisent les registres paroissiaux et l'état civil afin de permettre à terme leur consultation online (http://www.arch.be).

Toutes ces facilités expliquent l'intérêt que connaît la généalogie en Belgique dans toutes les couches de la population, les progrès que cette science auxiliaire de l'histoire enregistre et le développement des associations, revues, bibliothèques et publications spécialisées en la matière.

La généalogie ascendante est la méthode que l'on conseille généralement aux débutants. Elle vise à réunir le maximum de données sur ses 8 bisaïeux, ses 16 trisaïeux, ses 32 quadrisaïeux, etc. Elle présente un grand intérêt historique et sociologique pour celui qui se trouve à l'origine du tableau.

Mais on peut aussi retracer l'histoire de sa famille, ou celle d'une autre famille, rechercher ceux dont on porte le nom, s'intéresser aux collatéraux. C'est la généalogie descendante, qui présente un intérêt démographique et social incontestable. Il faut souligner ici que les connexions entre les générations qui ne sont pas dûment établies et confirmées par des documents authentiques sont comme de faux bijoux: elles n'ont aucune valeur. Elles peuvent certes constituer une hypothèse, une piste, permettant d'orienter les recherches. C'est là leur limite. Mais elles ne servent qu'aux chercheurs qui travaillent sur le sujet et ne doivent pas être mentionnées telles quelles dans une généalogie, sous peine de faire perdre à celle-ci toute crédibilité.

Les sources primordiales de la généalogie

Qui dit généalogie dit filiation et donc état civil. L'état civil comprend non seulement des actes de naissance (N), de mariage (M) et de décès (D), mais aussi les publications des bans de mariage, les annexes aux actes de mariage et les registres supplétoires. Ces trois dernières sources, souvent négligées, apportent parfois la solution d'un problème engagé dans l'impasse. Ainsi, les pièces annexes aux actes de mariage comportent, si l'un des conjoints avait besoin du consentement de ses parents et que ceux-ci étaient morts, une copie de son acte de décès. Les bans indiquent le lieu où le mariage projeté aura lieu et où l'on pourra donc rechercher l'acte de mariage.

Les registres de la population sont également intéressants. Ils indiquent, rue par rue, la population d'une commune à une époque donnée. En cas de déménagement dans une autre commune, on trouve la mention : " rayé de la commune pour telle autre commune ".

L'état civil a été instauré en Belgique sous le régime français, vers 1795-1796, époque de la réorganisation administrative de nos provinces suivant le régime républicain. Jusque là, les registres paroissiaux, tenus par les curés, tenaient lieu d'état civil. En principe, la consultation de l'état civil récent, de moins de cent ans d'âge, est soumise à des restrictions, voire interdite. Il faut distinguer dès lors, pour les recherches d'état civil, trois périodes en partant de l'époque actuelle : l'état civil récent, l'état civil ancien et les registres paroissiaux.

L'état civil récent (les dernières années du 19e siècle et le 20e siècle)

Les registres d'état civil (NMD), avec leurs tables annuelles et décennales, sont réalisés pour chaque commune en deux exemplaires.

L'un est conservé par l'administration communale où il n'est éventuellement consultable qu'avec l'autorisation du bourgmestre ou de l'officier de l'état civil.

L'autre est versé en fin d'année par la commune au greffe du tribunal de première instance. Là, une autorisation écrite du procureur du Roi est nécessaire pour y accéder, moyennant requête motivée. Mais, la plupart du temps, on pourra se passer de ces démarches. Qui ne connaît suffisamment ses parents et grands-parents jusqu'à la fin du 19e siècle par des sources personnelles ou familiales ?

Sauf pour des généalogies descendantes, le généalogiste amateur pourra en général se passer de recherches à l'état civil récent. Il lui est toujours possible d'adresser aux administrations communales une demande de photocopie ou de copie conforme littérale, signatures comprises (de préférence à un simple extrait qui risquerait d'omettre des détails du plus haut intérêt pour l'orientation de vos recherches). On n'obtiendra ces documents que si on fournit à l'administration les références de l'acte : nom de la commune et date (au moins approximative), car l'administration n'effectuera pas de recherches généalogiques pour vous.

L'état civil ancien (de 1796 environ jusqu'à la fin du 19e siècle)

On dispose pour cette période des mêmes registres d'état civil que pour la période contemporaine, parfois moins élaborés au fur et à mesure que l'on remonte dans le temps, encore que certains actes rédigés à l'époque napoléonienne comportent parfois un luxe inouï de détails sur les parents, les grands-parents, les témoins, etc.

Comme pour l'état civil récent, la commune conserve un exemplaire de l'ancien, consultable selon le bon vouloir de l'administration communale et dont on peut obtenir des copies aux conditions énoncées plus haut. L'autre exemplaire, celui du greffe du tribunal, est généralement versé aux Archives (Archives générales du Royaume à Bruxelles, Archives de l'État en province), où il peut être consulté par les chercheurs. On trouvera sur place les inventaires (registres et fichiers) nécessaires pour retrouver les cotes des bobines de microfilm.

Les registres paroissiaux (avant 1796)

Les anciens registres paroissiaux, abondamment utilisés par les généalogistes, comprennent essentiellement des actes de baptême (B), mariage (M) et décès (D) ou inhumation. Il existe des tables alphabétiques par paroisse. Le tout est généralement conservé aux Archives de l'État dans les provinces, de plus en plus rarement dans les communes ou dans certaines Archives de villes (cas de Bruxelles, Anvers et Malines par exemple).

Selon les paroisses, les registres paroissiaux remontent au début du XVIIIe siècle, au XVIIe ou même, dans des cas exceptionnels, jusqu'en plein XVIe siècle.

Sauf exception, les registres paroissiaux de toute la Belgique, ainsi que leurs tables, ont été microfilmés.

De plus, on peut consulter à l'Office généalogique et héraldique de Belgique une copie des tables des anciens registres paroissiaux de Bruxelles, lesquels réfèrent à plusieurs centaines de milliers d'actes (voir à ce propos Les tables des anciens registres paroissiaux de Bruxelles, dans Le Parchemin, 1976, pages 167-175).

Les actes paroissiaux sont parfois très laconiques. Le nom des parents ne figure pas toujours dans les actes de baptême. On notera toujours les noms des parrain et marraine, indications qui pourront souvent se révéler utiles pour reconstituer peu à peu le puzzle familial.

Les généalogistes belges ont entrepris un gigantesque fichier national des tables des anciens registres paroissiaux, vaste oeuvre de collaboration bénévole qui sera appelée à rendre d'éminents services aux chercheurs.

Les autres sources de la généalogie

Avant l'instauration des registres paroissiaux ou dans le cas où ceux-ci n'existent plus (pertes, destructions), les filiations s'établissent par tous les moyens possibles et notamment par les protocoles notariaux (successions, partages, contrats de mariage, etc.), les états de biens (Staten van Goed en Flandre), les greffes scabinales (Oeuvres des échevins), les registres de bourgeoisie (Poortersboeken), les archives seigneuriales (reliefs de fiefs), ecclésiastiques (abbayes, cures) et familiales, les archives des administrations publiques (recensements par exemple), des établissements de bienfaisance (hôpitaux, hospices civils), etc.

A ce stade, la recherche généalogique devient une véritable recherche historique, faisant appel à toutes les sources d'archives disponibles pour une époque et un lieu donnés. Le généalogiste amateur sera confronté aux institutions et aux coutumes anciennes. Il devra s'initier à la lecture des écritures et au vocabulaire (français, flamand ou latin) en usage à différentes époques et variables selon les régions.

Toutes ces sources d'archives, complétées par des recherches dans les ouvrages d'histoire locale, les généalogies publiées, les revues spécialisées comme Le Parchemin et son Recueil annuel, permettront non seulement de remonter plus haut dans le temps, mais aussi et surtout d'étoffer une généalogie et de reconstituer peu à peu l'histoire des familles.

Les archivistes, les historiens, les érudits locaux et les généalogistes chevronnés pourront guider les recherches des débutants en leur indiquant les pistes à suivre et en leur donnant des conseils pour tel ou tel cas bien précis. D'où l'utilité aussi des réunions d'entraide et des cours de généalogie organisés par les associations de généalogistes.

Si vous habitez à l'étranger ou si vous ne pouvez entreprendre vous-même les recherches sur vos ancêtres belges, adressez-vous à un ami sur place ou à un généalogiste professionnel. Mais soyez prudent car on ne sait jamais combien de temps dureront des recherches ni où elles mèneront ! C'est d'ailleurs là ce qui rend les recherches généalogiques si passionnantes et c'est pourquoi l'on ne saurait assez conseiller de les entreprendre soi-même si on le peut.

Enfin, si vous êtes arrêté dans des recherches et si vous êtes membre d'une association de généalogistes, vous pouvez poser des questions dans leur revue. Elles toucheront tous les membres et, qui sait, peut-être obtiendrez-vous par l'un d'eux des éléments de réponse. Le Parchemin possède une telle rubrique : le " Courrier de l'Entraide ".

Le port d'un blason familial en Belgique

Comme dans les pays voisins, le port et même la création d'un blason sont parfaitement libres en Belgique, s'il ne s'agit pas d'une usurpation de droits de tiers. Il n'existe pas encore d'organisme officiel chargé d'enregistrer les armoiries familiales dans la partie francophone du pays (sauf pour la noblesse qui reçoit ses armes du Roi à l'occasion des lettres patentes). Dans la partie néerlandophone existe le Vlaamse Heraldische Raad.